La mode des objets connectés nous vient -mais est-ce une surprise- des Etats-Unis. L’engouement du Quantified Self est outre atlantique un vrai phénomène de société tant par l’ampleur des adeptes toujours plus nombreux que des équipements en constante augmentation et des centaines de millions de données personnelles mesurées, échangées et comparées tous les jours. Loin de s’éteindre, le phénomène est entrain de gagner l’Europe doucement mais sûrement. Les objets connectés sont entrain de faire partie du quotidien des Européeens et viennent remplir les réseaux sociaux de données personnelles et privées échangées en toute liberté.
L’expression de soi
Les spécialistes en psychologie connaissent depuis longtemps l’expression de soi, tout l’arsenal des techniques et des méthodes permettant à une personne l’expression de ses pensées les plus profondes sous la forme d’écriture, de dessin, de composition musicale ou de pratique sportive. Les expressions artistiques et sportives sont souvent des thérapies de l’âme et de l’esprit pratiquées par des personnes souhaitant se connaître plus intimement ou souhaitant tout bonnement se soigner en transférant leurs problèmes psychologiques sur un terrain expressif plus imagé. Avec le Quantified Self, l’objet connecté remplace le stylo ou la planche à dessin. Les capteurs mesurent les paramètres souvent physiques sans que l’intéressé n’ait à intervenir. Le smartphone ou les moyens de télécommunications équivalents permettent aujourd’hui via les objets connectés et des applications web appropriées de mesurer et de transmettre des données concernant les variations de son poids en fonction du temps et de l’exercice physique, des informations sur sa fréquence cardiaque ou encore des données encore plus intimes comme des manifestations physiques enregistrées lors de la pratique sexuelle. Les processeurs sont capables ensuite d’enregistrer les données, de faire des courbes et des simulations qui se transmettent sans vergogne sur l’immensité de la toile et des réseaux sociaux. Toutes ces informations personnelles sont ensuite partagées et comparées par l’ensemble de la communauté des internautes.
Les conséquences du développement des objets connectés
Les sociologues et autres philosophes pensent que ces nouvelles pratiques de partage de données personnelles sont entrain de combler le vide idéologique et religieux de jeunes générations de plus en plus matérialistes abandonnant progressivement toute croyance philosophique ou religieuse. En partageant avec le plus grand nombre, l’internaute connecté se donne un objectif et ne peut plus reculer lorsqu’il annonce publiquement vouloir corriger une addiction ou un défaut de poids ou encore augmenter ses capacités physiques dans un domaine. Les chiffres avancés par la profession des objets connectés sont hallucinants: on annonce en effet plusieurs dizaines de milliards d’appareils électroniques, informatiques ou de télécommunications connectés d’ici 4 à 5 ans. De quoi envisager des lendemains qui chantent aux fabricants d’objets connectés et d’applications web spécialisées. Mis à part un marché qui s’annonce particulièrement florissant, la vigilance est toutefois de mise chez les associations de défense des consommateurs et des libertés individuelles qui commencent à s’inquiéter sérieusement sur l’exploitation par des tiers de milliards de données privées à des fins commerciales ou mal intentionnées.
Et notre quotidien demain?
A la vue de la multiplication des objets connectés et des premières expériences,on peut imaginer facilement ce que sera demain le quotidien des porteurs d’objets connectés. Truffé de capteurs sur tout le corps et relié jour et nuit à la toile, les internautes pourront suivre en temps réel ce qu’est la vie d’un homme connecté consentant. Ses performances sportives, sexuelles, ses émotions, ses coups de blues et ses joies, toute l’intimité d’une personne pourra être connue de n’importe quel endroit dans le monde et par n’importe qui. Georges Orwell, 1984 et Big Brother ne font plus de la science-fiction mais sont aujourd’hui devenus une réalité.